- EXTRÊME-ORIENT (préhistoire et archéologie) - Corée
- EXTRÊME-ORIENT (préhistoire et archéologie) - CoréeDès 1945, la Corée libérée s’est attachée à établir son identité grâce à des recherches historiques et archéologiques. La guerre qui devait entraîner la partition de la péninsule interrompit cette activité. Celle-ci reprit dès la fin des années cinquante et connaît depuis lors un essor croissant. Les travaux d’aménagement du sol permettent de nombreuses découvertes qui exigent l’intervention de spécialistes avertis. En 1961, l’université de Séoul (S face="EU Caron" サul) créait un département d’archéologie qui, sous la direction de Kim Won-yong, formait les jeunes équipes nécessaires, tout en se livrant à des fouilles dont sont publiés des rapports détaillés. Dans le même temps, des bâtiments modernes étaient édifiés à Séoul (Musée national), Ky face="EU Caron" サngju, Kongju et Puy face="EU Caron" サ pour abriter des collections qui ne cessent de s’enrichir. En 1969, à Séoul, un laboratoire s’équipait pour l’emploi du carbone 14 dans la datation des couches archéologiques; en 1978, on allia à cette technique la dendrochronologie. Une commission pour la protection des biens culturels coordonne les recherches depuis 1975. Anthropologues, paléontologues et spécialistes de la paléobotanique coopèrent avec les fouilleurs.Établir une synthèse est encore difficile, car de nombreux problèmes subsistent. Les archéologues se tiennent au courant des travaux effectués dans les pays voisins (Sibérie, Mongolie, Chine, Japon). Ils tentent ainsi d’établir des correspondances, tant dans le développement des techniques et des formes que dans celui de la chronologie, et l’on ne peut que rendre hommage aux résultats obtenus en un si court laps de temps.Il existe plusieurs transcriptions de la langue coréenne. La plus connue est celle de MacCune qu’utilisent encore les archéologues coréens dans leurs textes en langues occidentales. C’est celle que nous avons adoptée de préférence à la transcription plus nouvelle employée, depuis peu, par le ministère de l’Instruction publique et de l’Information de la république de Corée.PaléolithiqueLongtemps mise en doute par les archéologues japonais, l’existence d’un Paléolithique est désormais attestée dans toute la péninsule, de l’embouchure du fleuve Tumen (région d’Unggi, sites de Kulp’ori et de Pulp’ori, évoquant celui d’Osinovka sur la côte sibérienne) à l’île de Cheju (Quelpart, industrie à lames au fond de la grotte Billemot sur la pente nord du mont Hallae). Le témoin le plus important, situé à 200 kilomètres au sud de Séoul, sur la rive nord de la rivière Kum, est le site de S face="EU Caron" サkchang-ni, dont la strate la plus récente, caractérisée par une industrie de grattoirs, de lames, de pointes, de galets, recueillis dans un habitat comportant un foyer central et des trous pour les poteaux soutenant le toit, appartiendrait au Paléolithique supérieur.NéolithiquePlus de cinq mille ans semblent séparer le Néolithique du Paléolithique. Il s’agit d’un Néolithique de chasseurs-pêcheurs, pratiquant la cueillette. À Pusan, dans la couche inférieure du kjökkenmödding (kaizuka en japonais, débris de cuisine) de Tongsam-dong, ont été découvertes, avec un outillage microlithique, des poteries grossières à fond plat et d’autres à fond rond et motifs en relief rapportés. Ce complexe, attribué au IVe millénaire avant J.-C. et dont un autre exemple aurait été décelé à Shibam-ri (Sud-Est), serait proche de celui de la grotte de Fukui, près de Nagasaki, dont la datation est beaucoup plus haute. Il s’apparente aussi à celui d’Ang’angqi en Mandchourie méridionale.Dans la couche moyenne de Tongsam-dong, apparaît la poterie au peigne, d’origine sibérienne, répandue, avec des variantes locales, dans toute la presqu’île. Le site d’Amsa-dong, près de Séoul, au bord de la rivière Han, comporte des habitats ronds, semi-souterrains, à foyer central entouré de pierres et de galets, et avec trous de poteaux. On y trouve des outils en pierre taillée ou grossièrement polie et un matériel en os (harpons, pointes de flèches, aiguilles), ainsi que des jarres à fond rond, montées au colombin, dont le bord droit porte quatre rangées de lignes obliques et la panse des motifs en arête de poisson.Sous l’influence de colons chinois établis en Mongolie et en Mandchourie méridionales, l’agriculture apparaît dans le Nord au cours du IIe millénaire avant J.-C. Les kjökkenmödding et les habitats renferment des couteaux quadrangulaires et semi-lunaires, des houes, des meules, ainsi que des grains de millet fossilisés. Vers l’an 1000 avant J.-C., l’agriculture se répand le long de la côte ouest (site de Jitap-ri, Bonsan, Hwangaedo). La poterie au peigne subsiste, mais au tracé linéaire succèdent des pointillés formant des courbes et des motifs géométriques.Âge du bronzeLes archéologues coréens font remonter à environ 600 avant J.-C. l’introduction de la métallurgie dans leur pays et ils l’attribuent à l’invasion Weimo (Huimo), cavaliers tongous nomades, établis au Liaoning. Ils sont porteurs d’une épée courte à lame lancéolée qui s’insère dans une poignée en pierre, bois ou métal, de haches à douille, de harnachements de chevaux, de miroirs à deux boutons ornés de zigzags se détachant sur un fond de lignes entrecroisées, et d’ornements tubulaires en pierre. Ces pièces se retrouvent dans les tombes de Zhenjiawasi, près de Shenyang au Liaoning, que les spécialistes chinois font remonter au VIe/Ve siècle avant J.-C.Les cavaliers seraient descendus le long de la côte ouest. Au site de S face="EU Caron" サng-guk-ri, près de Puy face="EU Caron" サ, auprès d’habitats semi-souterrains de forme ronde ou carrée, à outillage en pierre polie, on a remarqué l’emplacement d’un four rond. Les poteries grossières à fond plat y dominent, mais on y trouve aussi des bouteilles à panse ronde, revêtues d’un engobe rouge poli avant la cuisson; elles auraient été réservées aux sépultures. Près de ce «village», une tombe à ciste contenait à la fois une épée en pierre polie et une épée en bronze à lame lancéolée. C’est la première fois qu’une arme en bronze est retrouvée auprès d’une de ces épées en pierre fort nombreuses en Corée, en Mandchourie (région de Jilin) et au Japon. L’origine de ces deux sortes d’armes reste discutée. Le modèle des épées à lame lancéolée se trouverait dans les cultures du bassin de Minussinsk en Sibérie.Une jarre funéraire, posée verticalement dans une fosse, a été exhumée à S face="EU Caron" サng-guk-ri. Elle contenait des ornements en jade, dont deux incurvés, semblables aux magatama japonais (ornements en forme de virgule). Notons que les tombes à cistes et les jarres funéraires, fréquentes au nord de la baie de Bohai, ont pu être introduites par les cavaliers tongous. Dans l’Ouest, l’industrie du bronze fait des progrès rapides. Des moules en pierre pour la fonte des épées et des haches ont été exhumés à Y face="EU Caron" サng-in, Ky face="EU Caron" サngi-do, et à Y face="EU Caron" サng-an, Ch face="EU Caron" サlla-namdo. Les épées ont tendance à s’allonger et à s’effiler; on voit aussi apparaître de grandes hallebardes à facettes. Les miroirs portent de fines lignes formant triangles, losanges et spirales.Âge du ferApparue dans le Nord vers le IIIe siècle avant J.-C., la fonte du fer se serait répandue dans le Sud, après la formation en Corée septentrionale de quatre commanderies chinoises (108 av. J.-C.). La riziculture, dont la date reste discutée, le commerce du fer, celui de l’or enrichissent les trois tribus Han dont font état les annales chinoises. Si les instruments aratoires et les armes sont en fer, le bronze reste l’apanage des chefs, dont les tombes à cistes renferment miroirs, épées munies de poignée et de fourreau (Bisan-dong, à Taigu, Ky face="EU Caron" サngsang pukdo), mais aussi des objets finement ornés de spirales: plaques octogonales dont chaque pointe porte un grelot (Hwasun, Ch face="EU Caron" サlla-namdo), fragments décorés d’oiseaux sur des branches et d’hommes se livrant aux travaux des champs (Taijon, Ch’ung-ch’ong pukdo). On suppose que ces objets servaient à un rituel chamaniste.Les Trois Royaumes (IVe-VIIe s.)Kogury face="EU Caron" size=4サBien que l’archéologie soit très active dans le nord de la Corée, les informations restent rares.PaekcheLa découverte accidentelle de la tombe du roi Muny face="EU Caron" サng à Songsam-ri, au sud-ouest de Kongju, capitale du royaume de 479 à 538, est un événement de première importance. Restée intacte sous un tumulus, cette sépulture en briques décorées de fleurs de lotus en relief se compose d’un vestibule voûté de 2,90 m. de long et d’une chambre rectangulaire (4,20 m 憐 2,72 m; haut.: 2,93 m). Elle s’inspire des modèles trouvés dans la région de Nankin, où régnaient les dynasties chinoises du IVe au VIe siècle. Au milieu du vestibule se trouvait, taillé dans la pierre, un animal ailé orné d’une corne de fer; il était précédé de deux dalles portant un texte incisé, sur lesquelles reposaient des ligatures de monnaies en bronze de la dynastie chinoise des Liang. Selon la coutume chinoise, le texte constitue un contrat de sol (maidijuan ), au nom de Ningdong dajiangjun, le «grand général de la Pacification de l’Est», titre honorifique décerné à Muny face="EU Caron" サng par l’empereur des Liang avec lequel il avait établi des relations diplomatiques. Muny face="EU Caron" サng mourut en 523 et son épouse († 526) est enterrée à ses côtés. La tête du roi s’appuyait sur un oreiller de bois peint en rouge, et ses pieds, chaussés de bronze doré, étaient posés sur un socle en bois. Un grand miroir en bronze décoré en relief d’animaux fantastiques était placé sous l’oreiller. Des épingles de coiffure à décor ajouré de fleurs et de flammes, des pendants d’oreille en or, une plaque de ceinture en argent et de nombreux magatama en jade et en verre coiffés de cabochons à granulations ont été recueillis à l’emplacement du corps. La tête de la reine était soutenue par un oreiller en bois à décor d’animaux fantastiques et de fleurs de lotus en couleurs sur un fond rouge; deux têtes de phénix en bois polychrome flanquaient cet oreiller. Les parures d’or sont très riches. Des bracelets d’argent portent une inscription indiquant leur date, leur poids et le nom de l’orfèvre. Plusieurs jarres en céladon chinois du Zhejiang se trouvaient aussi dans la tombe.Silla ancienParmi les travaux innombrables effectués à Kongju, les fouilles des tumulus 155 et 98 doivent être tout particulièrement retenues. La tombe 155, dite du Cheval céleste, restait inviolée sous son tumulus de galets revêtus de terre damée, haut de 13 m et large de 47 m. La chambre funéraire en bois, orientée d’est en ouest, était construite à même le sol. Elle a disparu, ainsi que le cercueil. La tête portait une haute coiffe d’or martelé et ajouré et une splendide couronne ornée de magatama et de paillettes; on trouva aussi des pendants d’oreille, des épingles de chevelure, des bracelets et des bagues. Cette orfèvrerie de grande qualité est proche des exemples recueillis dans d’autres sépultures, mais à l’est était posé un coffre en bois à trois étages, contenant en bas des poteries et des marmites en fer, au centre des bronzes et des laques, en haut quatre selles, un garde-boue en écorce de bouleau doublée de cuir, dont la surface peinte s’orne d’un cheval volant au milieu de nuages et de rinceaux fleuris, premiers exemples de peinture découverts à Kongju. Citons aussi un gobelet en verre bleu taillé à facettes et à godrons. Plus de dix mille objets ont été retrouvés dans la tombe 155, désormais aménagée en musée.Le double tumulus 98 est depuis longtemps célèbre. Celui du nord, fouillé entre 1974 et 1976, contenait, à 20 mètres du sommet, des armes et des instruments aratoires. Le corps était celui d’une femme d’une trentaine d’années, la reine, ainsi que l’indique l’inscription gravée sur un de ses bracelets d’argent. Ses parures étaient nombreuses, parmi lesquelles des bracelets d’or incrustés de pierres précieuses. Elle était entourée de coupes d’or à pied ajouré, ornées de pendeloques évoquant les céramiques de l’époque, de laques à décor d’oiseaux et de phénix peints en rouge, d’une coupe en verre taillé, d’un bassin d’argent décoré au repoussé, d’un petit vase en grès à couverte brune, premier exemple connu jusqu’à présent d’une céramique chinoise importée au Silla. Le tumulus du sud contenait de nombreuses armes, mais la coiffure était d’argent et les parures moins abondantes.Le Grand Silla (662-936)À l’est de la forteresse de W face="EU Caron" サls face="EU Caron" サng, le roi Munmu (VIIe s.) fit ériger un palais qu’il orna d’un étang artificiel d’un kilomètre de circonférence, l’étang de l’Oie sauvage (Anap-chi). À l’ouest, se trouvait l’Imhaejon (pavillon proche de la mer); les vestiges de cinq bâtiments y ont été retrouvés ainsi que ceux de trois îles aménagées dans l’étang. Dans ce dernier ont été recueillis 4 570 objets, dont 2 barques, des tuiles vernissées et une triade du Buddha en bronze doré se détachant sur une mandorle ajourée; cette triade, en dépit de ses dimensions réduites, a la monumentalité de la grande sculpture Tang.BouddhismeLes plans d’anciens monastères ont été relevés, des répertoires de pagodes et de sculptures rupestres ont été établis. À Uiryong (Ky face="EU Caron" サngsang namdo) un buddha en bronze doré, fondu en une seule pièce avec son socle de lotus et sa mandorle décorée de spirales, porte au revers une inscription datée de 539, indiquant qu’il s’agit de l’un des 10 000 buddha fondus au Kogury face="EU Caron" サ; les draperies incisives, la tête allongée témoignent de la perfection de l’art encore mal connu du royaume du Nord. Un kwanseum (Avalokiteçvara) portant le flacon d’eau lustrale représente le début de la plastique bouddhique à Silla. On notera aussi un reliquaire en or martelé et ciselé, à couvercle surmonté d’une fleur de lotus, qui contenait un flacon en verre reposant sur un socle en or; un second coffret renfermait 19 plaques d’or sur lesquelles est gravé le texte d’un s tra (œuvres provenant de la pagode à cinq étages de Wanggun-ri, Iksan, Ch face="EU Caron" サlla pukdo, datée des VIIIe-IXe s.).Époque Kory face="EU Caron" size=5サ (936-1392)En 1976, des pêcheurs ayant relevé dans leurs filets plusieurs céramiques chinoises, des recherches furent entreprises près de Sinan, au sud du port de Mokpo (Ch face="EU Caron" サlla namdo). Elles devaient révéler la présence d’un navire chinois (ancre, monnaies) qui aurait fait naufrage au large de la côte coréenne. On suppose qu’il transportait à l’intention du Japon une cargaison composée principalement de céramiques (plusieurs milliers), provenant, pour la plupart, des fours de la Chine centrale: céladons de Longquan, porcelaines blanches ou bleutées (qingbai), fabriquées principalement dans la région de Jingdezhen au Jiangxi. Certaines de ces pièces étaient emballées dans des boîtes, en particulier deux bols à thé du Fujian, très populaires au Japon sous le nom de Temmoku. Outre ces céramiques, dont l’étude apportera des indications nouvelles sur la production chinoise à l’époque mongole, le navire contenait deux cents brûle-parfum en bronze et les objets personnels des navigateurs. On espère que, une fois allégée de sa cargaison, la coque de la jonque pourra être récupérée pour permettre une analyse approfondie de sa structure.
Encyclopédie Universelle. 2012.